( "Image courtesy of the Image Science
& Analysis Laboratory, NASA Johnson Space Center")
Merci la NASA
The colors of the agricultural fields surrounding Paris are striking in
the springtime, even when viewed from a 400 km orbital altitude.
Astronauts on board the International Space Station photographed Paris
using a digital camera and downlinked the image to the ground.
Paris a perdu les Jeux olympiques
mais question tourisme Paris va mieux, merci. Les Américains n'ont plus
peur d'y faire leurs courses, les french fries sont redevenues
comestibles et, au Festival de Cannes, deux films américains tournés à
Paris, le Marie-Antoinette de Sofia Coppola et Da Vinci Code de Ron
Howard, célèbrent l'entente retrouvée. Il faut désormais y ajouter Paris
je t'aime, film collectif artistiquement international, constitué de 18
sketches (sept minutes chacun) célébrant autant de «quartiers»
parisiens le concept d'arrondissement ayant été abandonné en chemin.
Claudie
Ossard (37°2 le matin, Amélie Poulain...) et Emmanuel Benbihy, qui en
avaient eu l'idée avec Tristan Carné il y a sept ans, ont réussi le tour
de force de faire venir (pour un caméo dont on serait curieux de
connaître le prix) une troupe de poids lourds, du côté des cinéastes
Gus Van Sant, Olivier Assayas, les frères Coen, Walter Salles, Nobuhiro
Suwa, Wes Craven, Bruno Podalydes, Christopher Doyle (chef opérateur de
Wong Kar-wai) et Gérard Depardieu (assisté à la réalisation par Frédéric
Auburtin) comme de celui des acteurs. Le déluge successif de stars
bankables telles Juliette Binoche, Natalie Portman, Steve Buscemi, Nick
Nolte, Gena Rowlands, Ben Gazzara, Maggie Gyllenhaal, Willem Dafoe,
Gaspard Ulliel, Ludivine Sagnier, Fanny Ardant, Bob Hoskins, Marianne
Faithfull sont le signe d'un projet qui n'a voulu rechigner sur rien.
Vu
de l'extérieur. Dans le milieu du music-hall, lorsqu'un artiste vient
cachetonner pour un tour seulement, on dit poliment qu'il passe en
vedette américaine. Paris, je t'aime, c'est un peu Paris en vedette
américaine. Tout le monde en parle mais la ville n'est pas vraiment à
l'écran, on voit les rues (tiens, aucun cinéaste n'a osé tenter un truc
entièrement en intérieur) et leurs tribus (pour parler mal, comme les
sociologues), mais l'oeil qui les filme ne fait jamais que passer.
Anecdotiquement, sur 18 sketches, plus de la moitié décrivent des
Américains en villégiature. Porter sur Paris un regard extérieur,
étranger à nos crises intestines, a déjà donné de bons films (les
Favoris de la lune du Géorgien Otar Iosseliani par exemple). Le problème
ici, c'est que ce regard extérieur est immédiatement synonyme de
tourisme. On sait tous d'expérience qu'une ville que l'on traverse en
visiteur ne donne à voir que ce qu'elle veut bien montrer : son charme
romantique, ses lumières enjoliveuses, ses cafés, ses filles jolies, son
art de vivre, son bien boire et son bien manger. Qui a dit accablant ?
Ce
n'est pas un hasard si l'une des rares vraies réussites du film est le
Tuileries des frères Coen, avec Steve Buscemi en ahuri assis sur un banc
de métro cherchant à caler son désir quelque part entre la Joconde et
son envie pressante de love affair. Il finira la gueule explosée par un
jaloux excité. Ça s'appelle jouer la déception. Pas un hasard non plus
si le plus délirant des 18 micro-films, le Place des Victoires de
Nobuhiro Suwa, que l'on n'a jamais vu aussi lâché, prend un prétexte
grave (la mort d'un enfant) pour arriver à un trip onirique, avec Willem
Dafoe en John Wayne sur son cheval : un rêve de gosse sans doute, Paris
western ! Le reste est une évocation d'une ville décor, où bizarrement
les filles tombent beaucoup (à terre) et où les garçons pensent beaucoup
à les tomber (deux scénarios sur trois avec une variante garçon
tombant garçon chez Gus Van Sant dans le Marais). Une ville décor, où
personne ne travaille, ne vote, ne souffre d'autre chose que de maux de
coeur. Paris quand on l'aime (sous-entendre quand on s'aime), ça
ressemble furieusement à Boboland.
Visite guidée. Dans un projet
où les cinéastes sont assignés à un seul quartier, à ses codes, à son
économie, seul Walter Salles et Daniela Thomas ont osé le récit d'une
fille socialement pas du quartier (voire même de proche banlieue) qui,
le matin à l'aube, traverse Paris comme on traverse les apparences pour
se rendre dans le XVIe arrondissement chez ses riches employeurs.
Pour
le reste, blacks, beurs, asiats ont droit à quatre sketches (chez
Salles, Chada, Doyle, Schmitz). On peut légitimement parler de minorités
poussées à la limite du hors-champ. Sans eux, pourtant, la visite
guidée de Paris musée par des tours opérateurs grands chic et talentueux
(le surprenant Parc Monceau d'Alfonso Cuaron) tourne à vide. Car les
visites, c'est toujours pareil : au bout d'un moment, on rêve de se
tirer en douce et d'aller voir le réel.
Paris, je t'aime,
film collectif de Gus Van Sant, Olivier Assayas, Walter Salles... (France). 2 heures. En salles le 21 juin.